L’humain au cœur de la photographie

Festival Présence(s) photographie

03 - 19 juin 2022

© Françoise NUÑEZ
Née en 1957 à Toulouse, Françoise NUÑEZ a commencé à photographier en 1975. Elle étudie la technique photographique dans l’atelier de Jean Dieuzaide, et apprend, aux côtés de Théo Caddau, le travail délicat du tirage. Son travail a fait l’objet de nombreuses expositions (Toulouse, Genève, Tarragone, Marseille, Paris…) et de plusieurs livres :

 

Le voyage devient son obsession.
« Quand je pars, je ne pense qu’à ça, confiait-elle en 2012 au journal La Dépêche. Je veux être réceptive à tout, loin d’un quotidien et d’endroits que je connais trop bien. J’aime l’inattendu, la surprise, l’émotion de la découverte. Et j’essaye de faire ressentir toutes ces émotions. »
« Il n’y a rien de nonchalant dans mes déambulations. Je me mets à chaque fois dans une volonté de concentration extrême, d’ultrasensibilité. Je ne suis pas tranquille, je suis nerveuse. Le soir, je rentre épuisée. »

Françoise Nuñez a parcouru le monde, mais c’est l’Inde qui la touche particulièrement. Elle découvre ce pays en 1989 et ne cesse ensuite d’y revenir. 

« L’Inde est le voyage des voyages, un endroit où chaque nouvelle découverte vous nourrit, vous interroge », expliquait-elle. Passionnée par le travail spirituel sur le corps, elle a produit une superbe série portant sur des pratiquants de Kalarippayatt, un art martial ancestral précédant l’invention du kung-fu en Chine. 

Sur ses images, prises à la verticale, les corps luisants roulent dans la terre battue, les muscles se contractent au rythme des prières. « Ce format lui permettait d’omettre des choses qui se passent à gauche ou à droite du cadre, note Didier Brousse, directeur de la galerie Camera Obscura, qui la représentait. Si l’horizontalité permet de décrire un lieu, la verticalité s’inscrit davantage dans une tranche de temps, un instant suspendu. C’est ce qui intéressait Françoise Nuñez. Comme elle possédait une forte rigueur, ses choix étaient assez tranchés et elle n’en bougeait pas. » De fait, l’intégralité de son travail, réalisé en noir et blanc et au 50 mm — la focale la plus proche de l’œil humain —, est marquée par une forme de constance. « Montrer n’est pas mon but, expliquait-elle. Ce que je photographie, c’est mon parcours intime, ma façon d’appréhender le monde. »